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Le Couple : Une histoire à construire à deux
2/ Pour devenir une vraie princesse !

Janvier 2018

 

Toute jeune fille – et c’est bien normal – est pour son père, sa Princesse.

 

Ainsi, Saraï, qui signifie justement « Ma Princesse Â», pour son père, puis pour son mari,

fut considérée en tant que telle. Pour beaucoup de jeunes filles, cela semble un statut

enviable. Elles apprécient cette importance dans le regard de l’autre.

Elles bénéficient d’un statut spécial qui fait que le père, mais le mari également,

engagé dans cette magie, tente de répondre le mieux possible aux désirs, aux souhaits

de la « belle Â», car elle est forcément belle à leurs yeux.

Ce faisant, ils ne s’aperçoivent pas que ce statut, prétendument enviable, les enferme

dans un engrenage infernal du toujours plus, toujours mieux. Il n’y a plus de place pour

soi-même, seule compte l’entrée dans le jeu de « Ma Princesse Â».

 

Cependant, comme nous le montre, de manière symbolique, le texte biblique,

Saraï est stérile. Elle n’est pas elle-même, elle n’existe que dans et par le regard de l’autre.

C’est le masculin, indiqué par la dernière lettre de son nom, la lettre « Yod Â» qui la reconnaît

en tant que telle. Elle a besoin du regard de l’autre pour être considérée et son attente devient le plus souvent capricieuse pour affirmer son rang et son statut, sans s’apercevoir qu’il n’existe pas en soi, qu’il n’est que l’effet de l’attachement de l’autre.

Si cet attachement s’estompe, le statut s’envole.

 

Pour que Saraï (« Ma Princesse Â») puisse devenir Sarah (« Une Princesse Â») en soi, indépendamment de l’autre, il faut une rupture dans le statut, opérée par la personne elle-même. Face à sa stérilité, Saraï finit par prendre les choses en mains. Au lieu d’être centrée sur

elle-même et d’attendre de l’autre tout ce qu’il peut lui donner, alors qu’elle ne peut rien donner, elle décide d’agir en changeant de positionnement intellectuel. Elle regarde le monde du côté de son mari et estime que si elle n’est pas en mesure d’avoir un enfant,

ce n’est peut-être pas une raison pour le priver, lui, de descendance. Sans enfants par qui serait prolongé le message spirituel d’Abraham ? Maitrisant son ego elle propose à son mari d’avoir un enfant avec sa servante Agar. Par amour pour Abraham, Saraï accepte de mettre en retrait son désir d’enfant, son envie de « posséder Â» elle-même un enfant, pour lui donner, à lui, la possibilité d’avoir un enfant, même si c’est avec sa servante. Par ce don, elle brise son image de « Ma Princesse Â» qui ne sait que recevoir, elle donne ce qui pour elle est le plus difficile à donner.

 

Par ce changement de posture, le « Youd Â» de son nom, signe de sa dépendance du regard du masculin, qui en Hébreu a comme valeur numérique 10, est brisé par moitié, il donne naissance à deux lettres Hé qui valent 5. Saraï, « Ma Princesse Â», devient Sarah,

« Une Princesse Â». Elle accède au statut de « Princesse en soi Â», indépendante du masculin. La lettre Hé qui est ouverte sur deux côtés,

en bas et sur le haut à gauche, est le symbole de l’ouverture. C’est par ce don de soi qu’elle atteint le niveau de l’être plein et entier qui est en mesure de devenir le partenaire à part entière du Patriarche et devenir à son tour, Matriarche. Par son retrait elle accède par décision divine à la maternité. Parce qu’elle a permis à Abraham d’être père, elle deviendra, elle-même, mère et donnera naissance à Its’hak,

celui qui sera le successeur, par excellence, du Patriarche.

 

D’ailleurs, lui aussi, a ainsi pu progresser. En tant qu’Abram, son premier nom, il était selon l’étymologie de son nom, le « Père du peuple d’Amram Â», celui de son pays natal. Mais, tant qu’il est lié à cette origine, il ne peut s’ouvrir à l’Universel.

C’est en quittant son pays natal, la maison de son père, qu’il sort de leur dépendance. Il se retrouve dans le désert, sans attache.

Par le Hé ajouté à son nom qui, tout en étant issu de la brisure du Youd de Saraï, est l’une des lettres du nom de D-ieu dans sa fonction de Créateur (Youd et Hé), il accède à l’Universel, il devient le « Père d’une multitude Â», ce qui est exprimé par son nom Abraham.

Par ce changement, il devient capable de donner, car il n’est plus soumis à l’emprise de la possession.

 

Parce que Saraï a décidé de donner au lieu de posséder, elle libère également Abram de son emprisonnement culturel.

Ils deviennent ensemble – Sarah et Abraham – ceux qui, parce qu’ils sont authentiques, peuvent donner à partir d’eux-mêmes.

Ils deviennent source et pas simplement receveur.

 

Pour tout un chacun, il est important de comprendre que construire son couple, c’est justement passer du statut familial de celui qui reçoit, à celui qui donne, lorsque ce tournant est mal négocié on risque d’entrer dans une spirale de désirs non satisfaits.

Ce qui fait envie, lorsque c’est reçu, n’apaise pas la soif. Une soif qui ne peut être étanchée et qui est génératrice de conflits, de frustrations et d’incompréhensions. On obtient rarement ce que l’on attend, lorsque l’attente est précise et focalise notre attention.

 

Lorsque l’on donne, on est dans la satisfaction de l’autre et elle est d’autant plus forte qu’elle ne répond pas à une réclamation.

 

Toutes les femmes sont des Princesses en elles-mêmes ; aidons-les à sortir du jeu dangereux de vouloir être « Nos Princesses Â».

 

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