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Adam et Eve

Nuit des Mots et des couleurs - Avril 2013

 

 

Premier passage :

 

« Hachem – Elokim prit l’homme et l’établit dans le

Jardin d’Eden pour le cultiver et le garder. Hachem

– Elokim donna un ordre à l’homme, en disant :

de tous les arbres du jardin, tu mangeras, et de l’arbre de la connaissance du bien du mal, tu n’en mangeras pas ; car le jour où tu en mangeras, tu mourras Â». (Genèse II, 15-17)

 

Nous avons choisi de commencer l’étude de l’histoire d’Adam et Ève par ce texte, alors que la femme n’est pas encore présente dans le récit (elle ne sera façonnée qu’au verset 21), parce que les ingrédients qui vont constituer l’intrigue y sont donnés.

 

Relisons le texte attentivement et posons-nous quelques questions :

 

  • « D-ieu prit l’homme et l’établit dans le Jardin d’Eden Â». Ce Gan Eden n’est donc pas son milieu naturel.

  • Ce n’est pas là où il a été créé. Pourquoi D-ieu l’y introduit-il ? Pour le mettre à l’épreuve ? Ce n’est pas le choix de l’homme.

  • Il n’est pas attiré par l’endroit qu’il ne connaît pas et qui ne lui manque pas. L’expression « prit Â» - « vayika’h Â» en Hébreu indique, selon Rachi, que D-ieu a du séduire l’homme par ses paroles, pour qu’il s’y rende.

  • Quelle est sa mission sur place : « le cultiver et le garder Â». Étrange pour un jardin créé par D-ieu avec un équilibre parfait et qui n’a pas eu besoin de l’homme pour être organisé. Il y aurait, ici, une sorte de passage de relais entre D-ieu et Adam. D-ieu créé et l’homme entretien ce que D-ieu a créé. En l’occurrence, il s’agit du Gan Eden. Or, ce lieu « Gan Â» traduit par jardin indique un lieu protégé

  • (Rav Hirsch) et ce jardin donc, a été créé par D-ieu, selon le verset 8 du 2ème chapitre « béEden Â», en Eden, un lieu non géographique qui indique selon Rav Hirsch : « la plus grande satisfaction des aspirations humaines Â». Pour la plupart des commentateurs, il s’agit donc, ici, plus de satisfactions spirituelles que matérielles puisque c’est une manière pour D-ieu de rester en lien avec sa créature.

 

Dès lors, l’expression pour « le cultiver et le garder Â» s’adresse plus au lien avec le divin, qu’au jardin lui-même.

  • Or, dans ce lieu de la relation spirituelle, D-ieu donne une consigne en 2 parties :

    • Une consigne positive : « de tous les arbres du jardin, tu mangeras Â».

    • Et une consigne négative : « de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu ne mangeras pas Â». Nous reviendrons ensuite sur la fin de la phrase.

 

Ce texte a de quoi nous surprendre. D-ieu emmène l’homme dans un lieu qu’il n’a pas choisi et il le met face à un interdit !

Mais que fait là, cet arbre ? Si D-ieu ne souhaite pas que l’homme consomme de cet arbre, pourquoi est-il présent ou même visible dans ce Jardin ? Pour mettre l’homme à l’épreuve ? Mais ne sait-il pas qu’il risque d’échouer ? Pourquoi mettre cet obstacle, alors que D-ieu est en train d’installer une relation de partenariat ?

 

Comment l’arbre qui est interdit à la consommation peut-il être celui de la « connaissance du bien et du mal Â» ?

Est-ce à dire que pour être partenaire de D-ieu, il faut ignorer le bien et le mal ?

Pourquoi cette épreuve de la tentation, alors que l’interdit renforce le désir ? D-ieu souhaite-t-il qu’il échoue ?

 

  • « Le jour où tu mangeras, tu mourras ! Â». L’homme était-il immortel avant de consommer du fruit ? Mais pourtant, il est partiellement fait de matière. N’est-il pas toute spiritualité ? Est-ce à dire que la connaissance du bien et du mal fait mourir ? Tout ceci, tel quel, paraît très choquant.

 

Nous reviendrons sur toutes ces questions plus loin. Encore un indice ! Nous avons laissé de côté, toute à l’heure, un terme qui peut paraître anodin. D-ieu « Ã©tablit Â» (vayani‘héhou), l’homme dans le jardin.

Or, ce terme, nous explique Rav Shimshon Raphaël Hirsch : « Ce n’est pas simplement placer, mais ce terme est toujours basé sur les notions d’abandon, de permission, de libération. Une fois que D-ieu l’avait formé, il se trouvait encore entre ses mains ; D-ieu le lâcha, le laissa libre, le livra pour la première fois à lui-même et lui donna le Gan Eden à entretenir et à garder Â».

 

Abordons la suite du texte pour mieux comprendre l’ensemble de ces questions.

 

Deuxième passage :

 

« Le serpent était rusé, plus qu’aucun des animaux terrestres qu’avait fait Hachem – Elokim. Il dit à la femme : « Est-il vrai qu’Elokim a dit : Vous ne mangerez rien de tous les arbres du jardin ? Â». La femme répondit au serpent : « Les fruits des arbres du jardin, nous pouvons en manger, mais quant au fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Elokim a dit : vous n’en mangerez pas et vous n’y toucherez pas,

au risque de mourir Â».

Le serpent dit à la femme : « Non, vous ne mourrez pas ! Mais Elokim sait que, du jour où vous en mangerez, vos yeux seront dessillés et vous serez comme Elokim, connaissant le bien et le mal Â». La femme vit que l’arbre était bon à manger et qu’il était attrayant à la vue et précieux pour l’intelligence ; elle cueillit de son fruit en mangea ; puis en donna à son époux, et il mangea. Leurs yeux à tous deux se dessillèrent et ils connurent qu’ils étaient nus ; ils cousurent ensemble des feuilles de figuier et s’en firent des pagnes Â». (Genèse III, 1 à 7)

 

Mettons en place, notre lecture du texte en partant d’un étonnement : Adam et Ève ont bien mangé du fruit défendu et ils ne sont pas morts ! Et si le serpent avait raison ? Leurs yeux s’ouvrent et ils découvrent qu’ils sont nus et ils en ont honte. Mais le fait qu’ils soient nus, on le sait déjà, depuis le chapitre 2 – verset 25, mais ils n’en avaient pas honte. Que se passe-t-il entre les deux passages ?

La connaissance du bien et du mal donnerait-elle cette honte de la nudité ? Regardons de plus près le terme hébraïque utilisé pour parler de la nudité. Il s’agit de « â€˜aroum Â». Or, quel est le terme utilisé pour évoquer la ruse du serpent ? C’est également « â€˜aroum Â».

 

L’enseignement de Rav Shimshon Raphaël Hirsch va nous mettre sur la voie. La notion de bien et de mal n’est pas identique pour l’animal et pour l’humain. Pour l’animal, le bien c’est ce qui est conforme à ses instincts et le mal, c’est ce qui l’en détourne.

Pour l’humain, le bien c’est ce qui est conforme à la recommandation divine, car cela lui permet de s’élever au-dessus de sa nature animale. Le mal, c’est ce qui s’en écarte et qui, du coup va correspondre à l’expression libre de l’instinct.

Mais précisons tout de suite que pour le judaïsme, l’instinct n’est pas « mal Â» en soi. Il est « mal Â» lorsqu’il est déconnecté de la spiritualité qui va lui donner un sens et une dimension particulière.

 

Avant d’entrer dans le Gan Eden, Adam et Ève n’ont pas honte de leur nudité, car ils sont imprégnés de spiritualité.

Ils n’ont pas encore fait l’expérience de la matérialité (selon le Or ha’haïm – Commentaire de Rabbi ‘Haïm ben Attar).

Ils n’ont pas la connaissance du bien et du mal en tant que tiraillement entre deux valeurs contradictoires, car le fruit de l’arbre n’a pas été consommé, il est extérieur à eux.

 

D’ailleurs, ce qui est interdit, c’est la consommation, soit la destruction de cet arbre. Car, la connaissance ne se consomme pas ;

elle se cultive, elle se travaille et se garde. En consommant, ils se retrouvent nus et en ont honte, car la spiritualité n’est plus dominante, elle est face à la matérialité. L’instinct (animal) devient un contre pouvoir à la loi humanisante. Il faudrait dire, ici, spiritualisante.

C’est en recouvrant leurs corps de peaux de bêtes que le trouble va s’apaiser. L’homme doit savoir qu’il est pleinement humain en limitant le pouvoir de ses instincts, en comprenant qu’ils sont de type animal. Le serpent est nu, car il est totalement animal.

Il est là comme une antithèse de l’humain, de l’avant Gan Eden qui est pure spiritualité.

 

Mais que veut D-ieu, qui laisse faire la scène, ou peut-être qui la provoque ? Le serpent, c’est le tentateur par excellence et l’on n’est pas, ici, dans la zoologie, mais bien dans la symbolique biblique. Or, ce tentateur se dit en Hébreu « satan Â», c’est-à-dire, « obstacle Â»,

pour mettre à l’épreuve. Le serpent vient de l’extérieur du Gan Eden et il vient y introduire une autre dimension : celle du choix entre le bien et le mal. Son interrogation porte sur la parole divine et sur la compréhension que l’on en a, après la transmission.

En effet, l’interdit n’a pas été donné à Ève, mais à Adam avant qu’Ève ne soit créée. C’est donc par Adam qu’elle connaît l’interdiction,

avec des aménagements puisque, seule la consommation a été interdite et pas le toucher, comme elle le répond au serpent.

 

La question du serpent, c’est en quelque sorte : comment avez-vous compris l’interdit de D-ieu, ? Comme une restriction ou comme une invitation à choisir entre la loi divine seule ou la loi divine avec l’expression de l’instinct ?

 

C’est à cela que la femme répond en y ajoutant le toucher qui est la première étape de l’expérience sensible.

Pour elle, en cet instant, la connaissance du bien et du mal doit rester extérieure à la matérialité. C’est pourquoi, le serpent tentateur va plus loin et la pousse contre l’arbre en mentant, en indiquant qu’ils ne mourront pas « aussitôt Â», ce qui ne figure pas dans la consigne divine (voir Midrach Rabba).

 

Par contre, ce qui est enclenchée, c’est la réduction de la spiritualité, car la femme, avant cette étape, n’était pas préoccupée par cet arbre. Il devient « bon Â», « un plaisir pour les yeux Â» et « précieux pour la réflexion Â». Lorsqu’une barrière, peu solide, s’écroule, tout l’édifice tombe en cascade et ayant touché à l’arbre, elle en mange et puisqu’il est bon, elle en donne à manger à Adam.

 

Si cet arbre a été interdit par D-ieu, c’est pour exprimer le double souhait de D-ieu. Le Créateur veut un partenaire libre.

C’est pour cela, qu’il a été placé dans le Gan Eden. Il veut un partenaire qui vienne parfaire sa création.

C’est pour cela que sa mission est de « cultiver et de garder le jardin Â», lieu de rencontre privilégiée des spiritualités divines et humaines. Cependant, il ne veut pas un partenaire qui ne peut choisir que le bien. Il veut un partenaire capable d’être soumis à ses instincts,

mais qui est en même temps, capable de les éduquer pour y introduire une dimension spirituelle.

 

Il doit pouvoir manger avec plaisir tout en se connectant à D-ieu par l’intermédiaire de la Loi. Si D-ieu a mis cet arbre dans le Gan Eden, c’est pour lui permettre de savoir ce qu’est le Gan Eden, de pouvoir y goûter le fruit, de devoir en sortir, tout en ayant envie d’y revenir, grâce au travail qu’il va être en mesure de faire, à l’extérieur, dans le monde de la matérialité, pour « cultiver Â» la spiritualité.

 

Troisième passage :

 

« Ils entendirent la voix d’Hachem – Elokim parcourant le jardin au vent du jour. L’homme et sa compagne se cachèrent de la face d’Hachem – Elokim, parmi les arbres du jardin. Hachem – Elokim appela l’homme et lui dit : « Où es-tu ? Â». Il répondit : « J’ai entendu ta voix dans le jardin ; j’ai eu peur, parce que je suis nu et je me suis caché Â». Alors Il dit : « Qui t’a appris que tu étais nu ? Cet arbre dont Je t’avais défendu de manger, tu en as donc mangé ? Â». L’homme répondit : « La femme que tu m’as associé ; c’est elle qui m’a donné du fruit de l’arbre et j’ai mangé Â». Hachem – Elokim dit à la femme : « Qu’as-tu fais ? Â». La femme répondit : « Le serpent m’a entraînée et j’ai mangé Â». Hachem – Elokim dit au serpent : « Parce que tu as fais cela, tu es maudit de tous les animaux et entre toutes les créatures terrestres. Tu te traîneras sur le ventre et tu te nourriras de poussière tous les jours de ta vie. Je ferai régner la haine entre toi et la femme, entre ta postérité et la sienne : celle-ci te visera à la tête et toi, tu l’attaqueras au talon Â». À la femme, il dit : « J’augmenterai tes labeurs et ta grossesse ; tu enfanteras avec douleur ; la passion t’attirera vers ton époux et lui te dominera Â». Et à l’homme, il dit : « Parce que tu as cédé à la voix de ton épouse et que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais enjoint de ne pas manger, maudite est la terre à cause de toi :

c’est avec effort que tu en tireras ta nourriture tant que tu vivras. Elle produira pour toi, ronces et épines et tu mangeras de l’herbe des champs. C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes à la terre d’où tu as été tiré : car poussière tu fus, et poussière tu redeviendras ! Â».

L’homme donna pour nom à sa compagne « Ãˆve Â» parce que celle-ci avait été la mère de tout vivant. Hachem – Elokim fit pour l’homme et pour sa femme, des tuniques de peau et les en vêtit. Hachem – Elokim dit : « Voici l’homme devenu comme l’un de nous, en ce qu’il connaît le bien et le mal. Et maintenant, il pourrait étendre sa main et cueillir aussi du fruit de l’arbre de vie ; il en mangerait et vivrait à jamais.

Et Hachem – Elokim le renvoya du Jardin d’Eden pour cultiver la terre d’où il avait été tiré. Ayant chassé l’homme, il posta en avant du Jardin d’Eden, des chérubins avec la lame de l’épée flamboyante pour garder les abords de l’arbre de vie Â» Â».(Genèse III, 8à 24)

 

Avant d’aborder ce troisième passage, je voudrais revenir sur la nature même du fruit défendu. En effet, il n’est pas précisé dans le texte biblique, car il est plus symbolique que réel. La notion de pomme est issue d’une erreur de traduction.

 

La traduction latine est exacte. Elle utilise le mot pomum qui désigne un fruit. C’est au Moyen-Âge, que le pluriel de pomum, « poma Â»

a été utilisé pour désigner la pomme que nous connaissons. En lisant la Bible en Latin, on a finit par prendre le fruit pour une pomme.

 

De leur côté, les Rabbins du Midrach ont cherché à identifier le fruit, chacun y mettant sa lecture symbolique. Pour Rabbi Méïr,

c’était du blé. Pour Rabbi Yéhouda bar ‘Hay, c’était du raisin. Pour Rabbi Aba d’Acco, c’était un cédrat. Pour Rabbi Yossi, c’était des figues (voir Béréchit Rabba 16,8). Donc, en aucune façon une pomme.

 

Revenons maintenant, à notre lecture du texte. Cette fois encore, partons de la fin, des conséquences pour mieux comprendre le sens du déroulé. La conséquence ultime, c’est la sortie du Gan Eden. Nous disons précisément « conséquence Â», car pour la lecture juive du texte, il n’y a pas de malédiction de l’homme et de la femme. Il n’y a pas de « péché originel Â» dans le sens habituel du terme.

Il n’y a pas de sanction, punition, mais bien, conséquence. Cette sortie du Gan Eden était voulue par D-ieu dès le départ. L’homme n’est pas chassé du Gan Eden. Il est accompagné vers sa nature première. Il va devoir travailler la terre dont il est issu pour pouvoir revenir.

Tout dépend de lui. Cette « terre Â», c’est la matière qui est en lui. C’est une partie de sa nature première qui devra être spiritualisée, c’est-à-dire, non pas éliminée, mais rendue signifiante. Ce n’est pas chose simple. C’est pourquoi, cela demande des efforts, « Ã  la sueur de son front Â». On n’est pas là que dans le travail agricole ; tous les humains ne sont pas cultivateurs, même s’ils doivent tous travailler, cultiver leurs valeurs morales pour s’élever au-dessus de leur condition animale.

 

Celle-ci nous pousse à un édomisme physique que nous devons considérer comme les épines et les ronces qui poussent naturellement de la terre. Ce travail doit se faire en dehors du Gan Eden pour retrouver le chemin de l’arbre de vie. Il est gardé, c’est-à-dire, sauvegardé, mais pas interdit dans l’absolu à l’homme. Simplement, le chemin de la vie ne peut être immédiat, sans préparation.

C’est là, l’enjeu de la vie sur terre en dehors de l’Eden. C’est une mission confiée par D-ieu à l’homme et à la femme. Celle-ci n’est pas maudite. Elle est appelée par Adam « Ãˆve Â», « â€˜Hava Â» en Hébreu, c’est-à-dire, « dispensatrice de la vie Â». L’humain est certes mortel, mais il en a maintenant conscience. Il peut organiser sa vie en conséquence et rechercher l’éternité à travers la procréation et la transmission de ses valeurs morales et spirituelles.

 

Certes, la procréation n’est pas chose facile et l’accouchement peut se faire dans la douleur, mais pas nécessairement. Il n’y a pas là, de malédiction. On peut se soustraire à la souffrance par des moyens médicaux, au moins, partiellement. C’est par la difficulté de l’enfantement et de l’éducation des enfants que la femme construit, en partie, son service divin.

 

À tout moment, l’homme, comme la femme, doit lutter contre la suprématie de l’animalité pure, c’est-à-dire, contre la prise de pouvoir sur l’humain de ses instincts.

 

Lorsque l’homme réussit à se hisser vers D-ieu, il est supérieur à l’ensemble des créatures terrestres et spirituelles. Le partenariat avec le Créateur est alors restauré avec une plus-value incomparable.

 

Le contre pouvoir de l’homme sur terre, c’est le serpent symbolique qui lui, a été maudit, c’est-à-dire, cantonné dans son animalité.

Il est stigmatisé dans sa relation à la matière. Il rampera sur son ventre pour bien montrer que ses préoccupations sont essentiellement matérialistes, comme celle de la nutrition qui, par définition, est éphémère. Sa tête, c’est-à-dire, sa réflexion va être au niveau de la poussière, c’est-à-dire, de la matière difractée, réduite en poudre, sans consistance. Tout ce qu’il voudra construire dans l’ordre de l’avoir, le sera sur du sable, rappelant la poussière vers laquelle il retournera à la fin de ses jours, sans rien emporter avec lui.

L’homme, au contraire, devra le frapper du talon, c’est-à-dire, mépriser et dominer ses tentations en les rabaissant pour s’en éloigner.

Mais comme nous l’avons dit précédemment, il ne s’agit pas de les détruire, car c’est à l’homme de faire sortir de cette terre, des fruits plutôt que des ronces.

 

Pour y arriver, l’homme doit commencer par prendre conscience de sa situation. C’est le sens de l’appel de D-ieu à l’homme au début de notre passage. Bien sûr, le Créateur sait parfaitement ce qui s’est passé et où se trouve l’homme. Mais, ce-dernier a besoin de savoir où il en est. C’est le sens de la question posée : Ayéka ? Où en es-tu ? Au lieu de la formule utilisée pour questionner le lieu « ayé Â».

Or, cette prise de conscience de l’évolution de la situation, des conséquences du choix opéré passe par la verbalisation de la scène, en détails. Ce qui a été fait et qui a fait quoi ! Il n’y a dans le texte, ni reproche, ni colère de la part de D-ieu ; simplement une invitation à énoncer les choses pour être en mesure de les dépasser et d’aller de l’avant. La relation n’est pas rompue. Elle va changer de modalité.

 

La vraie mission de l’homme libre, sur terre, commence maintenant. Il sait d’où il vient. Où il va et quels sont les moyens pour atteindre cet objectif qui dépend entièrement de son investissement dans la tâche. Cette mission n’est pas celle du peuple juif, mais bien de l’ensemble du genre humain, créé à l’image de D-ieu, c’est-à-dire, avec un potentiel de spiritualité à développer, à exploiter pour devenir pleinement partenaire du Créateur dans l’œuvre de Création.

 

Pour revenir au Gan Eden, il nous faut introduire, la spiritualité dans le monde de la matérialité, sans détruire cette-dernière, en utilisant son énergie pour la transcender.

C’est en connaissant le bien, c’est-à-dire, l’expression de la parole de D-ieu que cela est possible.

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